Jeudi 28 juillet 4 28 /07 /Juil 11:23

Il est très tôt le lendemain quand Domina se lève. En général elle se lève très tôt, pour profiter du calme et de la fraîcheur matinale, Afin de trier ses courriers, de faire ses comptes, de donner ses ordres à sa maisonnée. Elle décide d'inspecter les cours, pour voir si tout est propre, et en ordre, mais aussi, elle se l'avoue intérieurement, pour voir la fille attachée dehors, dans le chenil.

Elle est sale, recroquevillée dans un coin, à l'ombre, et n'a visiblement pas dormi. Les chiens ne sont pas bien méchants mais la plupart des esclaves les craignent, ne faisant pas la différence entre ces chiens de garde et ceux dressés à poursuivre les fuyards. Elle tremble et Emilia ressent un frisson de contentement en voyant sa peur. Celle-là de ne remettra pas de si tôt ses imbécillités...

Elle hèle un des gardes qui la suivent partout :

"Détachez-la, emmenez-la à Taïs et faites la laver, elle pue. Qu'elle reprenne son travail dès cet après-midi, après la sieste."

"Bien, Domina."

La journée se déroule placidement... Elle a assigné le gladiateur à des tâches subalternes, il balaie les cours, et lave les sols, en plus d'entraîner les gardes. Elle n'assiste pas à l'entraînement, se contentant d'envoyer Taïs vérifier que tout se passe bien.

"Il ne dit pas un mot Maîtresse, ne desserre pas les dents. Mais quand Mellus a regardé son...bref...un peu trop longtemps, ben, il l'a immédiatement pris à part dans la cour pour un entraînement personnalisé... Le pauvre Mellus a un oeil au beurre noir et sans doute des côtes bien froissées!"

"Mellus n'a que ce qu'il mérite, ce gros flan... L'Egyptien est plus résistant que ce que je pensais... pas un mot pour me supplier de ne pas le punir, rien... Et le fouetter au sang n'apporterait rien de plus..."

"Maîtresse, il venait de se vider les bourses hier soir, il va falloir attendre pour que ta punition fasse de l'effet et qu'il recommence à avoir envie de..."

Taïs a un geste de la main évocateur, et terriblement vulgaire, Emilia glousse.

"Tu as raison Taïs... Mais... si nous le soumettions un petit peu à la tentation, ça aiderait sans doute. J'aimerais qu'il rende les armes au plus vite, j'ai besoin de ces informations sur Julia... Cette garce ne m'échappera pas."

Taïs réfléchit...

"Tu pourrais décider d'aller aux bains, et de faire en sorte qu'il t'accompagne comme un de tes gardes du corps?"

"Taïs? Tu es absolument perverse! C'est une excellente idée! Nous irons donc aux bains dès que je me réveillerai de ma sieste, prépare déjà le nécessaire... Il va se retrouver plongé dans une forêt de corps nus et lascifs pendant des heures, ça lui fera les pieds!"

"Non Maîtresse, pas les pieds..."

Encore une fois, Taïs illustre ses propos par le geste... Emilia éclate de rire.

La présence de ses gardes du corps à ses côtés n'étonne personne, pas même aux bains publics où en général on n'accepte que les femmes dans la partie qui leur est réservée... Emilia est une femme de patricien, d'une grande famille réputée, dont le mari a un rôle politique important. C'est une femme très riche, et la perspective d'un enlèvement contre de l'or, ou pour un mariage forcé en vue de récupérer ses biens, n'est jamais à écarter. Ainsi le maître des bains n'a pas le choix, et la laisse entrer, avec ses trois gardes, et sa servante.

Emilia commence par un bain brûlant... Elle n'a pas peur de l'eau chaude, et aime à sentir son corps se ramollir d'un coup, une fois habituée à la chaleur de l'eau. Ensuite, elle se fait épiler, par une des esclaves formées dans ce but que les bains proposent contre une modeste rétribution... Les sourcils, au fil, le reste du corps, avec une pâte odorante venue d'Asie, et souvent, il n'y a pas trop de travail, juste quelques retouches avec une pince à épiler. Elle a demandé à Leonides de la suivre en entrant dans l'espace délimité par des tentures où elle se livre aux mains expertes de l'esclave... Et devant lui, elle offre son corps sans retenue, écartant bien les jambes pour que la fille accède à son intimité qu'elle veut bien épilée, même si ça n'est pas entièrement. Elle l'observe, tandis qu'il détourne le regard, mais le sait conscient d'elle, de ses formes, elle sait qu'il trépigne intérieurement... Elle en rajoute, lâchant un gémissement de temps à autres, prétextant une douleur imaginaire, elle est tellement habituée à ce traitement qu'elle ne ressent bien sûr aucune souffrance. L'esclave est d'ailleurs désolée, se confondant en excuses sans arrêt, sans doute de peur qu'on ne la fasse battre pour avoir vilainement charcuté une matrone un peu douillette.

Après que la fille a fini, Emilia réclame l'unctor. Elle a ses habitudes : l'esclave qui la masse n'est pas une femme, mais un homme, car elle préfère ses doigts énergiques à ceux des esclaves féminines, souvent trop douces. Le Maître des Bains a déjà prévenu l'esclave habituel de son arrivée et il ne tarde pas, porteur de ses huiles et de serviettes de bain propres en lin immaculé. Emilia lui indique tout de suite quels endroits favoriser, moins concentrée sur Leonides que sur elle-même à cet instant là. Le massage qu'elle s'octroie au moins trois fois par décade est un remède souverain à ses tensions et un moment qu'elle privilégie entre tous. L'homme, un eunuque, commence toujours par ses jambes, pour remonter vers sa taille, puis il la fait se tourner sur le ventre, et masse son dos, pour finir par les épaules et la nuque. Et quand Emilia gémit, que ce soit de douleur quand il s'en prend à un muscle noué, ou de bien-être quand elle sent le noeud se dissoudre sous les doigts habiles, ça n'est plus du théâtre... Elle commence à avoir trop chaud, et ordonne à Leonides d'ouvrir les tentures, lui permettant par là-même de profiter de la vue... Des corps nus, plongés dans les trois bassins principaux, et les dizaines de petites esclaves vêtues de simples pagnes qui déambulent entre les femmes allongées sur les rebords.

Emilia savoure le regard éprouvé du mâle, qui n'a plus aucune échappatoire à ce spectacle... Pour un esclave de bains, il n'y aurait là plus rien d'intéressant... Mais si Leonides est sans doute rompu à la nudité, c'est à celle des hommes, pas tant à celle des femmes, et pas en une telle quantité, offerte à ses yeux.

Une très jeune femme le frôle, pour se glisser près d'Emilia. Elle lui apporte sa boisson comme toutes les fois qu'elle vient aux bains : du jus de  raisins et de cédrats fraîchements pressés et additionné de miel et de menthe. L'unctor a terminé, et Emilia s'assoit sur la table de massage, adossée contre le mur, les jambes nonchalamment repliées, se fichant royalement de la vue qu'elle offre... Elle profite encore un peu de l'effet relaxant du massage, laissant son regard dériver sur les bains et leur faune, savourant les bruits, là une femme crie car son alipa, son épileuse, n'est pas assez douce, là deux autres s'aspergent d'eau, au coin du bassin d'eau tiède un groupe rit et cancane...

"Je vais faire un tour aux bains froids, et ensuite nous pourrons rentrer."

Elle termine toujours par des ablutions toniques, pour chasser l'engourdissement bienheureux du bain chaud. Avant de rentrer, elle laisse sa servante la vêtir d'une stola propre, jaune, bordée de vert, et dénouer ses cheveux qu'elle avait serrés dans un filet pour ne pas les mouiller, avant de les couvrir d'un long voile.

Elle observe Leonides, subrepticement... Le cuir des sangles de sa contrainte est tendu, et s'imprime dans ses chairs... Mission accomplie...

 

Une décade plus tard, Emilia a le plaisir de voir revenir son fils, Octave, de l'académie. Il faut savoir qu'il n'y a qu'elle qui l'appelle Octave, la majorité des gens l'appellent déjà par son nom d'homme, Gaius, Ou bien par ses deux noms, Octavius Gaius. Pour l'instant, il n'a pas encore de surnom, ce sobriquet souvent élogieux, parfois drôle, mais toujours chargé d'une histoire toute personnelle, qu'on accole derrière le nom d'un romain pour le différencier des autres mâles de sa Gens, qui portent le même gentile nomen...

C'est un garçon fin, au visage pointu, aux yeux un peu trop grands, mais chargés d'intelligence et de curiosité. Il saute de son cheval à peine le convoi entré dans la cour principale et saute au cou de sa mère sans plus de cérémonies.

"Octavius! Tu rentres bien tôt! Je ne t'attendais pas avant la décade précédant les Floralies, Fils."

"Je fais demi-tour si tu veux, auguste mère!"

"Mais non, imbécile! Je suis ravie que tu sois rentré plus tôt, même si ça me surprend!!!"

"Aah, j'ai cru que je gênais, le temps que tu renvoies tes 12 amants et que tu fasses fermer le bordel privé illégal que tu as ouvert dans le jardin."

"OCTAVE! Comment oses-tu parler à ta mère!"

"Ben quoi? Tu sais bien que je plaisante, M'man... Puis c'est pas comme si c'était pas déjà arrivé, hein? Les matrones romaines faut bien qu'elles s'amusent quand leurs maris sont en Afrique."

"Il y a amusement et amusement... Quoi que... Ca rapporterait combien, un bordel?"

Emilia fronce les sourcils et fait mine de calculer, tandis que son fils éclate de rire.

"Elle ne perd jamais le nord ma mère quand il s'agit de gros sous! Mais passons. J'ai entendu une rumeur jusqu'à l'Académie... Tu as acheté un gladiateur? Un vrai? Et pas n'importe lequel?"

"Aaaah, j'aurais dû me douter que ma petite folie allait faire le tour de l'empire tiens! Oui, je me suis payé Leonides! Il entraîne nos gardes et il est bien moins idiot que notre dernier maitre d'armes... Et puis tu sais bien que pour faire bisquer les Julii, je ne reculerais devant rien."

"Et à raison en plus. elles ont bien bavé ces deux vipères?"

"Bavé et pire encore! Tu as raté un beau spectacle, fils."

"Je suis fier de toi, Mater!"

Le fils entraîne la mère dans la maison, saluant au passage les esclaves et Taïs qui l'accueille presque comme s'il était son propre fils, fondant en larmes de joie. Il réclame à corps et à cris à boire, et à manger, et tout le monde s'empresse de le servir, dans la meilleur humeur du monde. Aujourd'hui, c'est fête.

Tout est prétexte à banquet, à Rome... Le retour sain et sauf d'un fils, c'est une raison comme une autre d'inviter les voisins, de faire venir des saltimbanques égyptiens et leurs danseuses et se régaler de délicieuses victuailles... Surtout que le printemps touche à sa fin et que les légumes sont à présent gorgés de soleil et croquants, et que les lapereaux de l'année commence à avoir une bonne couche de graisse.

Emilia est passée maîtresse dans l'organisation de telles festivités, en un temps record. Elle a, il faut le dire, la chance de posséder de nombreuses fermes, des vergers conséquents qui fournissent les premiers fruits rouges de la saison, et une ribambelle d'esclaves parmi les plus qualifiés de tout l'empire. Et par dessus tout, elle a Taïs, qui connait aussi bien que sa domina les ficelles du métier d'hôtesse.

En cinq jours le banquet est prêt. Et personne n'a refusé l'invitation, une réception chez Gaia, ça ne se refuse pas! Elle a envoyé des esclaves avec des messages personnalisés à chaque convive, accompagnés de petits paniers de délicieuses bouchées au miel. Toute la cité ne parle que de ça... La fête chez Gaia.

Devant sa maison s'amassent des marchands de tous horizons qui espèrent qu'elle leur achètera quelque chose pour sa réception, et des pauvres qui veulent profiter des restes, qu'elle fera distribuer tout au long du banquet.

Lorsque la nuit tombe, arrivent tout d'abord les saltimbanques... Ils s'installent : musiciens, jongleurs, et surtout, les fameuses danseuses, dont le ventre fait des choses merveilleuses, comme s'il était habité par une vie propre. Elle n'a pas voulu de serpents... elle n'aime pas ces bêtes là. Mais une des filles a apporté son chat, une bête aux oreilles démesurées, qui ronronne et se frotte à ses jambes.

Emilia ne va pas en cuisine : elle est depuis le début de l'après-midi coiffée, habillée, fardée, et apprêtée... Elle ne veut pas qu'on sente l'odeur de la nourriture en train de cuire sur ses vêtements. Elle a tout vérifié minutieusement la veille et dans la matinée, ses gens savent comment tout doit se dérouler.

Elle a fait habiller ses gardes : un pagne égyptien, un harnais de cuir sous une peau de lion soyeuse, et du khol autour des yeux, à la mode des hommes de là-bas. Ses esclaves qui vont faire le service aussi portent des tenues de cérémonie en lin blanc, les seins nus pour les femmes, et autour du cou des pectoraux précieux.

Elle-même porte une tenue à la dernière mode égytienne, et une somptueuse perruque en vrais cheveux tressés en innombrables nattes, chacune ornée de perles de malachite allongées, qui tintent à chacun de ses mouvements.

Lorsqu'elle accueille ses premiers visiteurs dans son atrium, au son des tambourins et des sistres, le tableau est saisissant.

 

La soirée bat très vite son plein. Il fait beau, pas encore trop chaud, la nourriture et les vins sont à la hauteur de l'évènement, et la musique dépayse juste assez pour être intrigante... Emilia est fascinée par les danseuse, regrettant parfois de ne pas avoir le loisir de danser de cette façon, mais ça lui demanderait des heures de travail pour un talent qu'elle ne pourrait sans doute jamais utiliser et sûrement pas en public.

Une des filles surtout... Celle au chat... elle se déhanche comme si sa colonne vertébrale était un serpent ondulant dans l'herbe pour fuir le pas des promeneurs. Souple, rapide, et douée d'un équilibre très félin, son corps bronzé, huilé, scintillant à la lumière des flambeaux et des lampes, accroche le regard des visiteurs, mâles ou femelles... Elle ne laisse personne indifférent. Déjà, un des convives a envoyé son esclave personnel contacter le chef des saltimbanques, sans doute qu'il doit s'enquérir du prix pour avoir la fille pour quelques heures. Emilia sourit... Le saltimbanque va certainement le faire raquer cher.

Elle se redresse, pour attraper un morceau d'agneau aux épices douces, garni de figues séchées, et, au moment de se rallonger, elle jette un regard à Leonides, qui monte la garde et complète le tableau façon Cléopâtre qu'elle a composé ce soir. Il baverait presque, ma parole, l'égyptienne le fascine... Emilia sent une pointe d'énervement la saisir, puis se domine, avant de claquer des doigts vers Taïs.

"Va dire à l'autre égyptien que je veux cette fille ce soir, pour mon fils. Et que s'il s'avise de la promettre à un autre, il pourra rêver que je l'engage de nouveau pour un banquet..."

Elle a parlé assez fort pour que Leonides l'entende. Il serre les poings... Parfait... sois donc frustré, Lion du Désert... Ce soir ta proie ira à un autre. Taïs file comme l'éclair, et Emilia la voit murmurer aux oreilles du chef de troupe, lequel secoue d'abord la tête, puis grimace avant de céder... tout l'or de la terre ne remplacerait pas les énormes contrats que représentent les banquets de Gaia... Il fulmine mais il n'a pas trop le choix.

La soirée se poursuit, Emilia s'amuse, elle est la parfaite hôtesse, toujours au courant de tout et faisant croire à chacun qu'elle ne s'adresse qu'à lui. Elle a prévu tout ce qu'il faut pour distraire ses invités, les rassasier, et les ravir. La discussion prend un tour politique, c'est inévitable quand on invite des hommes, et elle décide de battre en retraite avec ces dames, les conviant dans le compluvium, pour admirer ses dernières plantes en pot, des arbres fruitiers que son jardinier a taillés pour qu'ils restent nains. Elle fait distribuer des douceurs, tandis qu'elle envoie Taïs servir encore du vin aux hommes.

Marcella n'a pas pu venir, étant partie inspecter ses domaines suite à de gros orages de printemps... Emilia réalise combien son amie lui manque, c'est moins drôle sans elle. Enfin, les premiers convives partent, aux premières lueurs du jour, et les esclaves commencent à ranger. Emilia peut se retirer pour dormir quelques heures, son fils est déjà au lit, et pas seul, d'après Taïs. La Domina se tourne vers Leonides :

"Va surveiller la chambre de mon fils... Il a ses propres gardes mais je n'ai pas confiance en eux, je ne les connais pas."

"Bien, Maîtresse."

Il se retourne d'un bloc, rien sur son visage aux yeux brillants dans l'ombre du khôl ne laisse paraitre ses sentiments, mais Emilia savoure sa mesquinerie... Il va passer la nuit devant une porte close à entendre les ébats d'un jeunot et de la femme qu'il convoite. bien fait!

Un vacarme fait de cris et de bruits de casse la réveille, la tirant d'un sommeil profond et aviné. Elle se secoue, et se lève, alors que Taïs entre en hurlant dans la chambre :


"C'est le jeune maître!!! On a tenté de le tuer!!!"

Elle sent son coeur s'arrêter de battre, et sans prendre le temps de se couvrir, fonce, nue, vers le fond du couloir, où elle trouve Leonides penché sur un corps, deux jambes nues qu'elle voit dépasser... Elle crie... Il se redresse : l'égyptienne est morte, la mare de sang dans laquelle elle gît ne laisse pas place au doute. Emilia appelle, sentant sa voix s'étrangler dans sa gorge :

"Octave..."

"Je suis là, Mère. Tout va bien, je ne suis qu'égratigné, grâce à ton gladiateur, s'il n'avait été là j'y passais... Ils étaient deux, et il les a terrassés en quelques instants."

Emilia regarde l'esclave, puis dans la chambre... Deux hommes gisent là, l'un des deux a sa tête qui forme un angle bizarre au dessus de son cou... Ca n'est pas la première fois qu'on attente à la vie de son fils ou même à la sienne propre : les ennemis de son mari, les jaloux, les membres de sa famille qui profiteraient de sa mort sont nombreux. Mais jamais on ne les avait attaqués dans sa propre maison... Ces murs ont toujours été synonymes de sécurité absolue. Elle sent la colère monter, la rage, froide, et sa voix sonne étrangère à ses oreilles alors qu'elle dit :

"Pendez moi ça dehors, devant la grande porte, et sortez moi leurs tripes que les chiens les mangent. Que leur employeur sache qu'ils ont échoué... Et qu'il puisse bien les voir et s'imaginer à leur place."

Leonides s'approche, et murmure :

"Domina?"

"Oui?"

"Il faut savoir comment ils sont entrés... Ca n'est pas par la porte, j'étais devant... Ils ont dû passer par les toits et creuser dans les murs poru traverser vers la chambre du jeune maître."

"Tu as raison... vous allez vous en charger et vérifier que la brèche est refermée et que la sécurité de la maison n'est plus compromise. Je ne peux pas retourner me coucher en sachant qu'on pourrait à nouveaux avoir des visiteurs."

Satanés murs de briques... Avec de la patience et de bons outils, on pouvait passer à travers n'importe quel mur à Rome, point n'était besoin de forcer les portes. Mais...

"Ils savaient où aller, de toute évidence : il y a quatre couloirs et de nombreuses chambres dans cette aile, ils savaient exactement où frapper. Octave? Tu changes d'appartements, immédiatement. Tu prendras ceux de feu ton grand-père, ils sont protégés par un mur plus récent, puisque ton père avait tout fait refaire pour s'y installer, avant de devoir partir. Tu es sûr que tout va bien?"

"Oui Mère. Regarde ma blessure, ça n'est rien, juste une estafilade, je n'ai même pas mal. Mais ça aurait pu très mal se finir."

Octave est nu lui aussi, et son ventre est barré d'un vilain fil rouge d'où sourdent quelques gouttes de sang. Oh, oui, c'est passé très près. Emilia passe sa main sur son visage...

"Tout va bien Maîtresse? Tu veux t'allonger?"

"non, merci Taïs... Mais si j'attrape celui qui a ordonné ça... je l'étriperai de mes propres mains avant de donner son coeur à manger à mes porcs! Je le jure devant Némésis, Je vais tuer cet infâme salopard, de mes propres mains!"

Elle ne pleure de rage, le choc se répand dans ses os comme une coulée froide. Taïs la prend par les épaules et la guide vers sa chambre, la sermonnant comme une petite fille :

"Tu es froide comme une tombe, ma fille, tu vas geler sur place, il faut te couvrir, Taïs va s'occuper de toi... Viens ma belle, viens... tout est fini."

 

Toute la maisonnée a sans doute conspiré pour la laisser dormir, après cela. Elle se réveille longtemps après que le soleil ait commencé à décliner, en fin d'après-midi. Taïs lui apporte à manger, sans bruit, sans un mot, quelque chose de léger : un potage de lentilles, du pain, des fruits. Elle mange un peu, mais son estomac ne semble pas avoir très envie de collaborer. Elle se lève donc, décidée à ne pas se laisser abattre. Alors qu'elle sort, elle constate que Catano monte la garde à sa porte. Il la suit, quand elle se rend dans l'atrium.

Leonides l'y attend déjà ainsi qu'Octave, habillé de frais, lavé et rasé.

"Mère? Mellus est mort. Leonides a trouvé son corps sous le mur d'enceinte nord, il a sans doute surpris les intrus et a tenté de s'interposer, ou de donner l'alarme."

"Mellus? Ce gros flan?"

Ca, c'est un coup dur... Mellus fait partie de sa garde depuis son mariage ou presque... Elle s'asseoit et prend sa tête dans ses mains, se forçant à respirer doucement.

"Il s'est bien battu maîtresse, son corps porte des traces de coups et un des assassins était bien blessé, et il a sans doute crié, mais avec la fête, personne ne l'aura entendu..."

"Il a été courageux..."

Elle secoue la tête comme pour s'ébrouer, pour se réveiller.

"Taïs, fais porter son corps dans la cour des communs, prépare le pour être incinéré, et envoie Licius chercher un prêtre. Il aura des funérailles dignes de son acte héroïque, et il sera incinéré à l'ustrinum de la via Mettelia... On lui fera une place dans le Colombarium de la famille Gaius. Il ne mérite pas moins. Ne t'inquiète pas Taïa, je paierai pour son passage du styx, Charon aura sa monnaie... Fais moi porter ma bourse, que je m'occupe de ça."

Il était rare qu'on incinère un esclave, en général leurs corps étaient jetés avec les plébéiens les plus pauvres dans des fosses communes aux abords de la cité, où aucun mort n'avait le droit de demeurer. Mais parfois, un serviteur méritant, ou très aimé, se voyait octroyé l'insigne honneur d'être célébré à sa mort comme un citoyen de haut rang. Mellus ne s'en irait pas sans les honneurs. Emilia sentit son coeur se serrer au souvenir du visage rond, du regard bovin... Mellus était une crème, fidèle comme un chien à ses maîtres. Elle regarda Catanno : il semblait perdu, sans son ami et frère d'armes...

"Catanno? Tu vas veiller le corps de Mellus. Il aurait voulu que tu organises les libations sur son lit de mort. Tu es son plus proche ami, c'est à toi que reviendra l'honneur de dire son éloge, devant les membres de la maison."

Elle vit le regard de Catanno s'éclairer, avant qu'il ne détale vers l'arrière-cours.

"Tu as fait ce qu'il fallait Mère... Mellus mérite une sépulture digne."

"Je sais ce que je lui dois Octave. Ta vie, plusieurs fois, et la mienne."

 

"Leonides, suis-moi."

Rarement, elle s'adresse à lui par son nom. Elle se lève, et va vers ses appartements. Elle bifurque, pour entrer dans son boudoir, la pièce qu'elle favorise pour être seule, si l'on excepte le bureau où elle travaille. Elle s'assoit dans un des fauteuils en bois sculpté, originaires de Gaule, et croise les jambes sous sa stola de tous les jours, beige, bordée d'un simple trait bleu.

"Tu as sauvé la vie de mon fils."

"J'étais au bon endr..."

Elle l'interrompt d'un geste.

"Tu étais là, et tu n'as pas failli. Je te confie la vie d'Octave. Ses gardes ne sont bons à rien, j'avais raison, et Catanno est trop bouleversé pour être utile pour le moment. Je vais donc m'appuyer sur toi, Lion du Désert..."

"Je ferai ce qu'il faut Domina. Personne ne s'en prendra au jeune maître sans devoir me tuer avant."

"Quelle loyauté, alors que tu n'es mon esclave que depuis quelques décades..."

"J'ai mon honneur Maîtresse. C'est la seule chose que j'ai. Je ne faillirai pas."

"Alors c'est comme ça que ça marche? Tu considères quelque chose comme une question d'honneur et tu t'y tiens... C'est pour ça que tu ne veux pas me parler de Julia?"

Il réfléchit, sans doute à la façon de formuler sa réponse sans s'attirer les foudres de sa maîtresse... et finit par hocher la tête, sans rien dire, prudent.

"J'aurais dû m'en douter... Un jour je te raconterai en détails ce que je dois à Julia... Et peut-être que tu changeras d'avis. Mais je ne t'ai pas fait venir pour ça. Tu as sauvé la vie de mon fils, tu seras récompensé."

Il lève un sourcil surpris.

"Je ne suis pas généreuse, mais pas pingre non plus, esclave... Quand on m'obéit, on reçoit la récompense qu'on mérite. Tout comme on reçoit la punition qui convient quand on me désobéit..."

Il grimace.

"N'est-ce-pas..."

Elle se tourne vers la porte et appelle :

"TAAAAAAAAAAAÏÏÏÏÏÏS!!!"

 

Taïs arrive en courant :

"Oui, oui Maîtresse!!! J'arrive! Marcella est là, elle vient de rentrer de son domaine de Ligurie et est venue ici sans même faire de pause dès qu'elle a eu vent de l'attentat. Que puis-je pour toi Maîtresse?"

"Prépare les bains des esclaves et envoie cette...tu sais, la fille avec la jarre d'huile là..."

"Bien maîtresse. Et pour Marcella?"

"Fais lui préparer à manger, et mon bain privé, tu la masseras... Et apporte moi des fruits, et de la viande grillée, il doit en rester d'hier, froide elle sera succulente. De la laitue aussi..."

"Bien Maîtresse, c'est bon de voir que tu retrouves l'appétit."

"Ca n'est pas pour moi, mais pour lui."

Emilia montre Leonides.

"Aujourd'hui, il mangera comme un prince, et sera choyé par toute la maisonnée. Il a sauvé mon fils et il ne sera pas dit que je ne récompense pas la bravoure et la loyauté."

"Ah! Mais alors, j'ajoute du pain et du fromage! Il doit avoir de l'appétit, vu comme il est bâti."

"Bonne idée Taïs... Préviens Marcella que je passerai la voir dès qu'elle sera installée, et remise de son voyage. Elle doit être épuisée..."

"Elle a dormi dans la litière et semble en pleine forme... Mais elle est capable de dormir sur le dos d'un cheval dans la cale d'une galère en pleine tempête."

"Pas faux... Elle a un don, que veux-tu? Je la rejoins sous peu."

Taïs se sauve et on l'entend crier des ordres dans le couloir.

"Tu es bonne avec moi Domina."

"Tu as mérité de bien mangé et de te distraire. Tu pourras te baigner, comme si c'était jour de fête, tu seras massé et je te donnerais 4 heures de libre ce soir pour aller t'amuser en ville. Et ne t'inquiète pas pour le coût, je paierai. Tu partiras avec une bourse d'or et tu feras ce que tu veux avec."

 

Rapidement, deux esclaves reviennent dans le boudoir avec un repas riche et odorant sur un plateau, ainsi qu'une cruche de vin coupé d'eau. Emilia hoche la tête et sourit

"Voilà, tu as de quoi manger. Restaure toi, et tu pourras aller aux bains après. "

"Merci Domina."

L'homme ne se le fait pas dire deux fois. La nourriture des esclaves dans cette maison est loin d'être ignoble, comparé au cirque, mais elle reste frugale, et peu variée, du moins en temps normal. Hier soir il a souffert de ne pas pouvoir goûter les plats délicats préparés pour le banquet, alors que tout le monde se régalait sous ses yeux... Alors il se rattrape : la viande, de l'agneau grillé avec des épices, est délicieux, et le fromage de chèvre, frais et onctueux, est un régal qu'il n'a plus l'habitude de goûter. Le pain est fin, fait des meilleures farines, les plus blanches, et additionnée de lait, et les fruits... Les fruits rouges sont si difficiles à conserver et si chers qu'un esclave aura de la chance d'en manger dans sa vie.

Emilia le regarde manger, congédie les esclaves et leur rappelle de bien prendre soin de son amie Marcella. L'un des deux répond :

"La dame est en train de manger, elle se régale, et semble aller très bien. Elle dit qu'elle veut bien se baigner et qu'elle sera ravie si Maîtresse lui tient compagnie."

"J'irai la rejoindre dans quelques instants."

"Bien Maîtresse."

Elle observe l'ancien gladiateur manger, consciente soudain de la chance qu'elle a d'avoir sur sa table une variété de nourriture si importante, comparé au commun des habitants de Rome... Il dévore, le jus de la viande coule sur son menton et elle rit :

"On dirait que tu n'as pas mangé depuis trois jours!"

"C'est que ché bon, l'agneau et ché pas tous les chours qu'on en a à mancher quoi..."

"Ca... cette année les agneaux sont tout particulièrement tendres, l'herbe est très verte avec ce beau printemps... Que penses tu des épices?"

"Ca pourrait être plus épicé. Les Romains sont délicats, leur nourriture manque de piquant."

"C'est vrai qu'en Egypte on rend tout aussi brûlant que le soleil du désert alors? Je n'aime pas quand la nourriture brûle trop mon palais, j'aime sentir le goût des bonnes choses. Mais si tu veux, je te ferai porter du poivre..."

"Cha ira maikreche... chai prechque fini de toute fachon..."

"Ca... j'ai rarement vu un repas aussi vite mangé, excepté par mon fils, qui lui aussi a un bon coup de fourchette."

L'homme a terminé. Elle lui fait signe de se lever et s'approche.

"Soulève ton pagne."

Il obtempère, mais son visage laisse paraître sa surprise.

"Quoi? Je t'ai dit que tu allais pouvoir t'amuser, et te détendre. Tu auras du mal à profiter de ta journée si tu gardes ça..."

Elle montre le dispositif de cuir qui enserrer son sexe, avant de commencer à le dénouer. La réaction du gladiateur est aussi immédiate qu'involontaire, il bande, comme un taureau en rut...

"Eh bien, je pense que tu n'auras aucun mal à... profiter des plaisirs que je t'offre. Je t'aurai volontiers offert l'Egyptienne d'hier soir mais là, elle a perdu pas mal de ses charmes, quoi qu'il paraît que tous les goûts sont dans la nature?"

"Euh, non merci Domina, je préfère les femmes bien vivantes, tout de même..."

Il a rougi un peu, quand même, choqué sans doute qu'une femme du monde évoque des pratiques si... absurdes et contre-nature.

Elle rit :

"Alors tu auras bien plus de plaisir avec cette potiche d'Allia... File, j'ai d'autres chats à fouetter, je dois retrouver Marcella."

Il ne se le fait pas dire deux fois, remet son pagne en place et détale comme un lapin, sous les rires de sa maîtresse.

"Les hommes... c'est facile de les contenter, au fond."

 

Marcella marine dans un bain tiède aux herbes quand Emilia la rejoint dans les bains privés de la villa. Ils sont bien plus petits que les bains publics évidemment, deux bassins, un d'eau fraîche et un autre, tout petit, qu'on remplit d'eau à volonté, chaude, ou froide. Une petite pièce attenante permet de prendre un bain de vapeur. Son amie l'accueille avec de hauts cris, Marcella a toujours été très démonstrative. Elle s'apitoie, maudit les assassins, s'inquiète, pleure de rage, et finalement, s'enquiert surtout des derniers ragots qu'Emilia aurait entendus lors du banquet.

Cette dernière rit, et entame un très relaxant papotage avec son amie, lui racontant dans le menu la soirée, puis la matinée, agitée, l'attentat et enfin, l'acte de bravour du Gladiateur, et la mort de Mellus.

"Aah, c'est triste pour ce tas de flan... J'l'aimais bien, il était drôle à sa façon."

"Oui hein? Il va me manquer, et plus encore à Gaius... Il le connaissait depuis des lustres."

"C'est vrai. Mais heureusement que ton nouvel esclave est aussi efficace, ça aurait été tragique de perdre Octave, alors qu'il est si vigoureux..."

Marcella a perdu deux enfants en bas âge, et Emilia sait à quel point elle en a souffert. Elle serre la main de son amie et l'aide à se sécher, puis à s'habiller de frais.

"J'ai récompensé Leonides à la hauteur de sa bravoure, crois-moi. En ce moment même il prend du bon temps avec une esclave dans les bains des serviteurs."

Marcella glousse. Puis elle attrape la main d'Emilia et demande, l'oeil brillant :

"Dis moi... Les bains de tes serviteurs là... Ils sont équipés de ces grilles de bois?"

"Euh, oui... le grand-père de Gaius aimait espionner ses esclaves aux bains, en effet, comme souvent mais... Non, Marcella! Je te vois venir!!!"

"Hé! c'est l'occasion rêvée de vérifier si toutes les rumeurs concernant le Lion du Désert sont vraies!"

Marcella n'a pas fini de parler qu'elle entraîne déjà Emilia dans le couloir, direction la salle de bain des serviteurs, qui se trouve juste à côté de celle des maîtres, mais qui est équipée d'un dispositif aussi ingénieux que sournois : des grilles de bois ouvragées, fabriquées en Egypte, permettent à qui a accès au couloir arrière d'observer les baigneurs, sans qu'on ne le voie depuis les bains. Emilia ne s'y est jamais rendue, mais sait bien que souvent les patriciens aiment voir leurs belles esclaves prendre leur bain, et en choisir une pour qu'elle partage leur lit...

Elle a la clef, cependant, du couloir... Elle a les clefs de toute la maison, et elle est la seule. Elle ouvre la porte qui n'a sans doute pas servi depuis des lustres, et entre dans le réduit sombre, où se trouvent trois fauteuils de bois. Marcella glousse en repoussant tout doucement le panneau de bois qui camoufle les moucharabieh.

Leonides est en train de mariner dans la baignoire, Allia, nue, se trouve à ses côtés et lui masse les épaules avec de l'huile mêlée de pépins de raisins écrasés, pour purifier sa peau. Il a les yeux fermés, mais il ne peut pas ignorer les énormes seins de la fille qui frôlent tour à tour sa tête, son torse, puis son visage.

Marcella chuchotte, et se retient de rire :

"Ma parole! Elle l'allume comme une cocotte à Subure, elle a le feu au cul celle-là!"

Emilia ne peut s'empêcher de ricaner :

"Ca, tu l'as dit. Je ne sais pas comment elle fait pur ne pas déjà m'avoir pondu une douzaine de marmots... Même Gaius aime à la prendre avec lui dans les bains, sans doute à cause de ses mamelles de vache laitière."

"Les hommes sont vulgaires, en tout cas au lit. Mais si ça peut leur faire plaisir hein?"

L'homme semble se lasser d'être passif. Il attrape la fille par la taille, et commence à la caresser, sous l'eau, ce qui fait grogner Marcella :

"Il pourrait au moins la sortir de la flotte, qu'on voit quelque chose..."

 

A croire que le gladiateur les a entendues... Il soulève la fille, comme si elle ne pesait rien, et l'assoit sur le bord du bassin. Il écarte ses jambes sans autre cérémonie et plonge sa tête entre les cuisses blanches, ce qui fait immédiatement soupirer l'esclave qui rejette sa tête en arrière en agrippant ses seins qu'elle malaxe brutalement.

Marcella est morte de rire :

"Eh ben, quelle cochonne celle là! Mais, tu ne m'avais aps dit qu'il sait se servir de sa langue en plus de se servir de son épée, ton gladiateur... bon, on en fera pas un orateur au sénat mais c'est déjà pas mal hein?"

"Euh... J'en savais rien moi... Tu crois que j'ai que ça à faire de savoir ce que mes esclaves aiment comme positions pour honorer Vénus?"

"T'es pas assez curieuse, Emilia, tu dois t'emmerder sévère au lit... Surtout que Gaius n'est pas vraiment réputé pour ses prouesses dans le domaine. Tu devrais vraiment t'octroyer un peu de bon temps..."

L'homme redresse la tête, et on le sent passablement concentré sur sa tâche... Il cale ses genoux contre le rebord du bassin et brutalement s'enfonce dans la fille qui n'attendait que ça et commence à meugler comme le bovin qu'elle est. D'ailleurs, le gladiateur semble apprécier moyennement, il plaque sa main sur la bouche de la fille, et ferme les yeux, allant et venant plutôt vite entre ses reins.

"Ahhh! Un peu d'action. Tu as pu voir sa queue Emilia? J'ai rien vu..."

Marcella semble déçue.

"Nan...mais c'est pas comme si je regardais, en même temps... "

"Mais c'est pas croyable, tu sembles t'ennuyer là... Remarque : lui aussi n'a pas l'air de trouver la situation si engageante. Il faut dire que cette femelle fait un tapin d'enfer, et ne participe pas des masses. Ca manque de variété là."

"Comme tu dis... c'est assez bovin."

Marcella recule et se laisse tomber dans un des fauteuils, qui racle par terre dans un grand bruit. Le couple sur le bord de la baignoire se fige, enfin, l'homme... Il se tourne vers les panneaux de bois... Emilia et Marcella retiennent leur souffle, et Marcella murmure :

"Flûte de pan! Repérées!"

La fille semble protester que l'autre se soit arrêter de la limer comme un barreau de prison, il la regarde, regarde encore les panneaux, et un sourire se dessine sur son visage. Il reprend sa besogne, orientant subrepticement la fille de façon à offrir un spectacle bien plus intéressant aux deux voyeuses.

Marcella colle son nez au moucharabieh pour ne rien en perdre :

"Oh mais mon cochon, il aime qu'on le regarde!"

 

Marcella a passé ses doigts au travers du panneau de bois... L'homme sourit, il sort de l'eau, et retourne la fille, l'encourageant à se mettre à quatre pattes face aux deux femmes dont elle n'a visiblement pas idée qu'elles sont là. Elle proteste, un peu. Il l'attrape par les cheveux, et tire sa tête en arrière, tout en agrippant un sein qu'il malaxe entre ses doigts, avant de pincer son téton, elle couine, et tend sa croupe plus que généreuse vers lui. Il s'y enfonce, sa main libre posée sur sa hanche, mais ses yeux vont droit sur le mur du fond, vers l'emplacement où sont Emilia et Marcella. Cette dernière glousse de plaisir :

"Si tu n'en as pas l'usage, tu devrais me prêter ce lion torride! Moi je ne boude pas mon plaisir moi... Bon,c 'est sûr, il faudra attendre que mon mari soit parti en voyage, mais... Oh, zut, il sait bien que je m'amuse de temps à autres, tant que je reste discrète."

"Marcella! Ne compte pas sur moi pour encourager tes vices."

L'homme ramone la fille comme s'il était pressé d'en finir, elle gémit, sans doute pas seulement de plaisir, il est brutal. Soudain, il se retire et lâche une gerbe de semence sur le postérieur rond. Elle râle, il la retourne, et d'un coup sec, la gifle. Elle porte sa main à sa joue, et rit, avant de se faire douce, et caressante, se collant contre lui. Il se penche vers elle, ses doigts la fouillent, elle s'offre et soupire. Il caresse les seins ronds, les cuisses, tandis que son autre main tire des gémissements de jouissance du corps écartelé. Mais Marcella n'a d'yeux que pour un autre détail :

"C'est vrai!!! Regarde : il a joui et son bazar est encore droit comme un tronc de cèdre!!!"

Emilia doit reconnaître que c'est la vérité... Elle renifle. Il bande encore, et pas qu'un peu. A ce rythme, ça peut durer encore des heures.

"J'en ai assez vu, si on s'en allait?"

"Hé, tu n'as qu'à y aller, moi j'veux voir la suite moi! Me gâche pas mon plaisir!"

"Espèce de truie lubrique..."

Marcella sourit de toutes ses dents.

"Faut bien s'occuper hein? Sinon on s'ennuierait à mort."

Au moment où Emilia quitte le couloir secret, la fille est en train de gémir de bonheur, et l'homme s'enfonce dans sa gorge sous les gloussements étouffés de Marcella.

 

Elle passe le reste de la journée à se concentrer sur son travail. Enfin, elle essaie. Mais la petite séance aux bains ne lui sort pas de l'esprit, aussi pénible cela soit-il. Si elle pense à son sexe érigé comme un obélisque. Non, en fait... Pas vraiment. Ce qu'elle revoit sans arrêt c'est ce petit sourire moqueur, et cette suffisance quand il a réalisé qu'on le regardait. Il a vu la main de Marcella à travers la dentelle de bois, ses doigts chargés de bagues, une main d'aristocrate, pas de servante. Et il a sans doute cru que c'était elle-même... Que la maîtresse de maison se faisait un petit plaisir en regardant son esclave troncher une bonniche... Elle grimace, de colère... De honte... Et se jure de trouver un moyen de rabattre son caquet à Leonides. Rancunière? Mais non...

Elle évitera de le revoir, fuira même. Elle donne à Taïs une petite bourse de pièces d'or pour lui, comme promis, afin qu'il puisse aller s'amuser en ville, et fait tout pour penser à autre chose que son air goguenard et satisfait.

Au petit matin, des bruits de conversation la réveillent. Des chants, un rire aviné, un objet tombe et se brise au sol... Elle se lève, après un sursaut de peur, comprenant que cette fois ça n'est pas un attentat.

C'est Octave qui chante, qui braille à tue-tête. Il tient Leonides par le bras et titube vers sa chambre. Le gladiateur n'a pas l'air tellement plus frais...

"Octavius Gaius!"

"Mère! Gente Maman, ça va? On t'a réveillé, chuis désolé!"

Il a la voix pâteuse des ivrognes, et il pue... La pisse, le sperme, le vomi et le parfum bon marché.

"Si tu pouvais m'expliquer ce que tu fiches à cette heure et débraillé comme tu es?"

"Je reviens de Subure et j'me suis bien amusé, c'est un problème?"

Elle serre les dents et se tourne vers le gladiateur :

"Tu as emmené mon fils à Subure?"

L'homme n'a pas le temps de répondre qu'Octave enchaîne déjà :

"C'est moi qui ai voulu y aller! Et ça valait le coup! Fiche nous la paix, femme!"

Elle se force à inspirer calmement, à ne pas laisser exploser une colère qui la ferait paraître bêtement émotive, elle regarde Octave, puis le gladiateur qui ne dit rien...

"Nous règlerons ça demain matin. Quand vous serez propres, et que vous aurez dessoulé."

 

Elle est dans son bureau quand Octave vient la trouver. Propre, rasé, et des cernes sous les yeux, pâle, limite verdâtre. Elle étouffe un rire... Le voilà bien puni!

"Tu voulais me voir M'man?"

"Tu sais très bien que je voulais te voir, que je vais t'engueuler comme du poisson pourri au marché, et je sais déjà ce que tu vas me répondre, fils indigne!"

"Si tu pouvais passer la phase où tu me cries dessus? J'ai mal au crâne et..."

"C'est la seule façon que j'ai de te mettre du plomb dans la tête, j'ai pas l'intention de m'en priver! Tu es...

STUPIDE!"

Elle s'est levée, et a volontairement fait monter sa voix dans les aigus, pour la peine. Il grimace, les dents serrées, et porte une main à sa tempe.

"Crétin alpestre! Asinus! On vient de tenter de te tuer et tu te balades à Subure comme si c'était les jardins du palais impérial! Tu as perdu la tête!!! Ou en tout cas tu vas la perdre sous peu, littéralement!!!! C'est un coupe-gorge, et ne me dis pas que l'autre gladiateur était là et aurait pu te sauver, la chance ne te sourira pas indéfiniment. Tu as mal au crâne? C'est bien FAIT!"

Il recule, hoche la tête, et prend un air de chien battu très convaincant.

"Je ne peux plus te battre comme plâtre tu es définitivement trop âgé pour une bastonnade, mais crois-moi, c'est pas l'envie qui m'en manque. Et je devrais te forcer à battre ce gros imbécile de Leonides, rien que parce que tu l'as forcé à t'emmener! Et ne nie pas, je sais qu'il a fallu que tu insistes pour qu'il t'emmène, je ne suis pas débile!"

"Il ne voulait pas au début, je lui ai dit que j'irais avec ou sans lui et qu'il valait mieux pour lui que ce soit avec, puisqu'il était mon garde du corps."

"Tu es un gamin irresponsable et irrespectueux! Tu me manques de respect et tu vas me forcer à punir un esclave parfaitement docile pour rien, à cause de tes âneries!"

Il hausse les épaules

"T'as qu'à pas le punir..."

"Et laisser croire qu'on peut me désobéir? Rêve pas... Il sera puni, même s'il n'avait pas vraiment le choix. Il faut bien que quelqu'un porte le chapeau, et si ça n'est pas toi ça sera lui."

 

"Ne t'y trompe pas Octave... Ton grand-père, ton père même, l'auraient fait tuer, pour avoir désobéi, pour t'avoir laissé mettre ta vie en danger."

"Il n'a presque rien bu! Il était déjà un peu ivre avant qu'on parte c'est vrai mais... Et puis, il n'a pas été avec des filles et a surveillé ma porte en toute circonstance."

"Ne le défends pas. Ca ne va pas l'aider... Prends sur toi de réfléchir aux conséquences de tes actes la prochaine fois. Fais le moi amener. Nu, enchaîné et dis à Catanno d'apporter le fouet en nerf d'hippopotame."

Octave a tout de même un frisson... ce fouet originaire d'Egypte était sans doute plus une arme qu'un moyen de punition... Pas moyen qu'un coup porté avec cette chose ne laisse pas une lacération profonde...

"T'es sûre que..."

"La ferme et dépêche toi! T'avais qu'à y penser avant!"

Octave s'en va, le pas lourd, la mine basse... Emilia se frotte les mains, elle a obtenu exactement ce qu'elle espérait : Octave ne remettra pas ses frasques de si tôt. Bon... Leonides est costaud, trois quatre coups de ce fouet ne le tueront pas, et il aura de jolies marques pour prouver qu'on ne rigole pas avec Gaia.

L'homme qu'on lui amène a le teint cendreux, moins à cause de la boisson qu'à cause du manque de sommeil visiblement. Il a les traits tirés, les yeux pleins de cernes violacés, et son regard est terne... Un affreux collier de galérien ceint son cou et la chaîne qui en part rejoint ses poignets devant lui, pour courir jusqu'à ses chevilles. Emilia se tourne un instant vers le mur, inspirant à fond... Elle se rend compte qu'elle n'a aucune envie de le punir, pas pour ça, pas comme ça... Mais certaines choses doivent être faites.

"Catanno? Dehors."

"Oui Maîtresse."

Catanno a eu l'air surpris. Le fouet d'hippopotame, c'est pas un truc que la domina fait elle-même, ça... Il s'attendait sans doute à devoir porter les coups... Il hésite, pose l'engin sur le bureau, puis quitte la pièce.

Elle se tourne à nouveau vers Leonides. Elle le scrute, cherchant à savoir ce qui se passe dans cet esprit hermétique... Il a baissé la tête... Et chose étonnante, c'est lui qui prend la parole en premier.

"Maitresse?"

"Hein? Quoi?"

Elle est surprise... Elle s'attendait à un mutisme impénétrable et voilà qu'il veut causer? Bizarre... Ou alors il va tenter de marchander? Mouais... pas son genre, il est capable de résister au fouet il l'a déjà prouvé... Ou alors il serait devenu une chochotte?

"J'ai failli. J'aurais dû parler à ton fils, l'empêcher de me suivre, refuser d'aller plus loin, je ne sais pas, l'assommer... j'ai failli. J'avais bu, j'étais heureux, j'ai laissé ma joie l'emporter sur mon jugement."

"Ca c'est clair... "

"Je ne voulais pas te décevoir... Tu m'as confié ton fils... Et j'ai échoué."

Il semble prendre la chose très à coeur, la tête basse, les épaules en berne.

"C'est un peu tard pour ça non?"

Il plie un genoux et le pose en terre, dans un cliquetis de chaines. Oh non, il va supplier qu'elle ne lui fasse pas de mal, quelle déception...

"Je ne demande pas ta clémence Maîtresse... Je mérite une punition, j'aurais dû trouver une solution pour ne pas risquer la vie de ton enfant. Je... Si tu ne me tues pas Domina... Je souhaite rester à ton service et réparer ma faute."

Alors ça... Non seulement il ne supplie pas mais en plus il réclame... Il a vraiment l'impression d'avoir fait une boulette?

"Arrête ton char à zèbres l'Egyptien... Octave est une punaise, il aurait réussi à se mettre dans cette situation avec ou sans toi, au moins, là, tu étais avec lui et tu lui as sans doute évité le pire. Tu seras puni, ne t'y trompe pas, mais le fautif, je ne suis pas stupide, c'est lui. Tu seras puni parce que je ne peux pas le punir lui et que les autres dans la maison doivent savoir que la vie d'Octave vaut plus qu'aucune autre ici. Mais je n'ai pas l'intention de te tuer, ni même de te déchiqueter à coups de fouet... De toute façon ce truc là est bien trop lourd pour que je porte plus de quelques coups avec, soyons francs."

Elle rit, soudain amusée par le ridicule de la situation.

"Non, ce qui me donne envie de te punir ça n'est pas que tu aies été à Subure avec mon fils... Tu sais ce que je veux de toi, pourquoi je t'ai acheté, c'est ça qui me donne envie de te..."

Elle serre un poing, puis étend la main à nouveau. Il hoche la tête, puis la regarde :

"Alors c'est ça ma punition, pas vrai? Mon honneur contre ton pardon?"

"Y doit y avoir de ça, oui..."

Il réfléchit, ses yeux fixés sur le visage de sa Maîtresse... Elle attend, la tête penchée sur le côté, elle regarde sa main, ce poing qu'elle a desserré, sa paume lisse, et l'anneau sigillaire qu'elle porte en l'absence de son mari, pour sceller les courriers officiels de la famille... Elle porte son regard sur l'homme, sent une bouffée d'énervement la saisir...

"Ne réfléchis pas trop longtemps, esclave."

Sa main part, sans même qu'elle réfléchisse au geste, la gifle claque sur la joue gauche, puis la main le prend à revers, le sceau griffe la peau, laissant une marque rouge. Il a sursauté, mais n'a pas lâché son regard. Pour un peu, elle jurerait qu'il lui tend la joue, pour qu'elle lui en colle une autre...

"Je te dirai ce que tu veux savoir Maîtresse."

"Eh ben, voilà. On avance. Par contre, je vais devoir te filer quelques torgnoles de plus et te caresser le cuir avec ce machin, pour la galerie. Les autres doivent croire que je suis une femme cruelle, sinon c'en est fini de leur obéissance."

Il regarde le fouet, et hoche la tête.

"Tu ne me feras pas bien mal, Maîtresse..."

Oh le... Attends un peu espèce de vantard! Elle ravale une remarque acerbe, et le fixe, il la défie du regard, il sourit presque, comme s'il se retenait.

"On verra ça."

 

"Debout!"

Elle a claqué des doigts, laissant paraître son énervement. Cet Egyptien est gonflé comme une outre en peau de chèvre! Elle a saisi le fouet et le déroule, ce n'est pas un fouet bien long, mais sa lanière de nerfs tressés est épaisse, et la pointe semble piquante comme un plat sicilien. Elle fait quelques mouvements du poignet, ça siffle dans l'air, elle adore ce bruit, et sourit.

Il s'est levé, et penche la tête en avant, exposant bien son dos, détendu, il n'a pas peur. Les nombreuses cicatrices sur sa peau bronzée font comme une carte marine, il a tellement pris de coups qu'il doit avoir la peau tannée comme du cuir... Elle décide de le prendre à revers, après tout, rien ne l'oblige à jouer à la régulière, hein? De toute façon il est si grand qu'elle aura du mal à bien viser ses épaules.

Elle enroule le fouet et le glisse entre les cuisses épaisses comme des troncs d'arbres, tapotant contre son genou.

"Ecarte les jambes. Encore! Voilà. Pas bouger!"

Il semble un peu surpris, mais obtempère, gêné par les chaînes, qu'il est obligé de tendre pour écarter les cuisses. Leur poids le fait vaciller, il doit chercher une position qui lui permette de conserver son équilibre.

La lanière encore enroulée glisse contre la peau de la jambe, Emilia le frôle, et le sent se tendre, il attend, mais il semble tout de même un peu inquiet ou tout du moins surpris... Tant mieux! Il n'a sans doute pas l'habitude qu'un fouet le touche dans ces endroits là... Elle déroule la lanière, la fait siffler un peu, savourant la brève contraction involontaire de l'homme, qui hésite à tourner la tête pour voir ce qu'elle fabrique dans son dos. Elle tapote l'arrière de son crâne avec le manche de l'objet, et dit :

"Ne te retourne pas. Tu n'auras pas bien mal, tu l'as dit toi-même!"

Il ne dit rien, et s'efforce de se détendre, elle l'entend expirer doucement. Elle frappe.

Le fouet fend l'air dans un long sifflement intimidant, mais il semble se passer une éternité avant qu'il ne touche la chair... L'homme doit sans doute penser qu'elle l'a raté, lorsque l'extrémité, pas plus d'une main de long, s'imprime dans la peau tendre juste sous sa fesse gauche. Il sursaute et lâche un juron, resserre les jambes, la chaine sonne.

"Tu vois? tu n'as presque rien senti!"

Elle rit, et ordonne :

"Reprends ta position, esclave!"

Il obéit. A présent qu'il sait où elle frappe, et comment, il pourra mieux supporter les coups. Il serre les dents, en penchant la tête de côté elle voit la ligne de sa mâchoire se contracter. Elle lève à nouveau le fouet...

Cette fois, elle a laissé du mou, la lanière s'enroule autour de sa cuisse comme une vipère et l'extrémité vient frapper comme les crocs du serpent, il doit se mordre la lèvre pour ne pas gémir. La douleur est cuisante, vive, brûlante comme un venin, et remonte dans sa jambe, jusque dans l'aine, ses muscles ont un tremblement involontaire, et à nouveau il resserre les jambes, d'instinct. Elle ne lui laisse pas le loisir de reprendre son souffle et frappe encore, cette fois, elle se décale et la lanière vient embrasse sa jambe dans l'autre sens, finissant sa course pile sous son testicule gauche, il expire violemment, et déglutit.

"Tu as peur? Je pourrais sans doute t'émasculer avec ce truc..."

Il ne dit rien, mais elle est sûre qu'en son fort intérieur il prie Bès de sauvegarder sa virilité...

"Ecarte les jambes, j'ai encore envie de jouer!"

Il met un temps avant d'arriver à se décider, cette fois... Lui, il ne joue plus...

 

Il doit bien l'avouer, il douille... Emilia le frappe à des endroits qu'il n'aurait pas imaginé possibles d'atteindre facilement, et d'une certaine façon il doit reconnaître qu'elle a du talent. et sans doute une longue expérience... Il risque, entre les dents, un commentaire timide.

"Tu sais où faire mal, avec cette chose, Maîtresse, c'est du travail de.... "

Il expulse l'air de ses poumons avec un grognement quand le fouet s'enroule autour de sa jambe droite sans prévenir, elle a changé de côté et il ne l'a pas entendue bouger.

"...Précision..."

"C'est mon père qui m'a appris. A manier le fouet, à me défendre avec un dague, si nécessaire. Mon frère était trop maladroit pour ce genre de choses, à son grand regret. Alors il m'a enseigné comment punir et récompenser mes esclaves de façon efficace."

Elle lève le fouet, elle a changé de main pour le manier, et ça ne change rien à sa précision. La lanière siffle et tournoie, autour de la hanche de l'homme, l'extrémité fait cliqueter la chaîne qui passe sur son ventre, il gémit sous le coup.

"Ma mère m'a appris tout ce que je devais savoir pour tenir ma maison. Mon père m'a appris tout le reste, ce qui fait qu'un maître de maison est le maître chez lui, ce qui fait que ses esclaves lui obéissent et le servent... Mon mari n'a pas réellement prise sur ses esclaves, c'est à moi qu'ils obéissent."

Elle ne se vante pas, elle constate. Elle est Gaia, la domina de cette demeure, et elle sait très bien comment maintenir son autorité, chaque geste est calculé, comme si elle dirigeait un petit pays...

Elle concentre les deux coups suivants sur les fesses, reculant et se plaçant côté, pour limiter l'enroulement du fouet, elle veut des marques bien nettes. Après tout, il faut que les autres aient un beau spectacle à voir, quand l'Egyptien sortira. Elle fait claquer le fouet deux fois de plus, et cette fois, une ligne rouge vif apparait juste là où le bout a fendu la peau. Un minuscule collier de perles sanguines sourd de la très fine plaie. Il a gémi, mais pas assez fort. Elle vise plus haut, la ligne entre les fesses et le dos... Il lâche un juron, elle ricane :

"Tu devrais crier, esclave, ça mettrait fin à ton calvaire, si tu gueulais un peu... Je ne peux pas te laisser sortir d'ici sans que tu aies au moins crié un peu, que vont penser les autres? Que mon bras à ramolli?"

Il a exactement la réaction qu'elle espère : il serre les dents, ravale son air et écarte les jambes, se campant fermement dans l'attente du prochain coup. Elle se retient de rire, tant il est prévisible.

"Penche toi en avant et pose tes mains sur le bureau."















Par Kireseth - Publié dans : Domina
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