Il était une fois...

Mardi 10 novembre 2 10 /11 /Nov 20:26

Il était une fois dans un pays loin, très loin d'ici, un Roi et une Reine qui avaient tout pour être très heureux. Leur bonheur fut bientôt couronné par la venue au monde d'une petite fille, une délicate princesse aux cheveux d'or et aux yeux bleus. Tout le royaume fut invité au baptême de l'enfant, sauf... Sauf une fée, une méchante fée, tout du moins la disait-on méchante car elle ne se vêtait que de noir et que sa maison résonnait de cris de douleur et de cinglants bruits de fouets.

Elle se vexa de ne pas avoir été conviée, et décida malgré tout d'assister à la cérémonie, et comme les autres fées présentes, d'apporter à l'enfant une bénédiction bien particulière...

Le jour venu, elle se déguisa donc, s'habillant de blanc, pour passer inaperçue, et s'approcha du berceau sur lequel était penchée une fée mièvre habillée de rose bonbon :

"..seras aimée et admirée pour ta beauté par tout le royaume et au-delà."

La fée penchée sur le berceau s'écarta, et notre méchante fée put s'approcher. Elle se pencha et prononça ces mots :

"Tu voudras être une Reine parmi tes sujets prosternés, une Impératrice parmi tes esclaves dévoués, mais jamais tu ne trouveras en cent ans l'homme qui saura combler ce désir en toi, et plier devant ton fouet et abandonner sa volonté à la tienne! Et tu mourras vieille et insatisfaite!"

Et elle s'éloigne dans un ricanement méprisant pour l'assemblée médusée. Heureusement, une fée n'avait pas pu prononcer encore sa bénédiction pour l'enfant, et se pencha sur le berceau pour dire :

"Cent ans? Ah non hein? Il est hors de question que tu te languisses sans trouver chaussure à ton pied... Non...attendez...chaussure c'est dans un autre conte, je m'emmêle les pinceaux moi... Alors, au jour de ton 18 ème anniversaire, tu te piqueras le doigt à un fuseau, et tu t'endormiras ainsi que tout le monde dans ce château, jusqu'au jour où un beau Prince viendra et traversera mille épreuves pour t'éveiller par ses suppliques et être celui que tu auras toujours attendu. Je ne peux pas défaire ce que ma soeur fée a fait mais je peux l'adoucir..."

Le Royaume entier fut plongé dans la tristesse, et le Roi ordonna même de faire brûler tous les fouets et les cravaches pour tenter d'éviter le funeste sort qui l'attendait à sa fille. Rien n'y fit : enfant déjà, on la voyait cingler les mollets des servantes d'une badine de noisetier  avec un rictus mauvais, et son précepteur qui tenta de la corriger se retrouva à genoux, les fesses rouges, la princesse le chevauchant comme un poney à la parade. Elle grandit, et ses désirs grandirent avec elle, ainsi que sa sulfureuse réputation: aucun des princes des royaumes même les plus lointains n'accepta de venir demander sa main, et elle se morfondait seule dans son palais, à attendre le Prince Charmant...

Puis vint le fatidique anniversaire, et au matin de la fête, la princesse qui s'ennuyait monta dans la plus haute tour du château, où une vieille femme filait la laine. Curieuse, et attirée par le bout pointu de l'objet que maniait la vieille, la jeune femme s'en approcha et se mit à le tripoter en soupirant qu'on pourrait en faire un tas de belles choses passionnantes... Inévitablement elle se piqua, et sombra dans un profond sommeil.

Or en cent ans que dura son sommeil et celui de ses sujets, un jeune Prince vint à naître, que les fées bénirent d'une façon bien étrange : son destin était d'être servile, soumis et aux pieds de la femme qu'il aimerait comme on adule une déesse. Son enfance fut bercée du  conte de la princesse endormie et lorsqu'il eut 20 ans, il se décida à la rechercher, coûte que coûte, pour l'éveiller de son sommeil.

Il chevaucha pendant des jours et finit par apercevoir du haut d'une montagne le château de la Belle Endormie, et la sombre forêt qui l'entourait. Il s'enfonça donc entre les arbres penchés et entrelacés, et commença sa dangereuse traversée.

Très vite il lui fut impossible de chevaucher sous la frondaison, les branches basses lui cinglant sans arrêt le visage. Il démonta et renvoya son cheval, et poursuivit seul et à pied. La forêt semblait s'être totalement vouée à le torturer : des branches basses giflaient ses cuisses et ses fesses, le faisant couiner, et plusieurs fois il trébucha sur des racines traitresses, tombant comme par hasard dans un nid d'orties.

Enfin il vit le château devant lui, et en franchit les grilles, pour se trouver face à un mur de ronces et de rosiers sauvages, couverts de fleurs délicates et d'épines acérées. N'écoutant que son courage, il commença à tailler dans les ronces avec son épée, mais les plantes ne s'en laissèrent pas compter. Elles s'enroulèrent autour de ses bras et de ses jambes et se serrèrent jusqu'à lui faire lâcher son arme. Lorsqu'il eut laissé tomber son épée, les plantes le délivrèrent de leur étreinte non sans avoir auparavant déchiqueté tous ses précieux vêtements, et l'avoir laissé nu comme un vers, couvert d'égratignures sanglantes.

Il pénétra dans le château, tentant de réveiller les habitants endormis mais rien n'y faisait. Il parcourut les salles du château sans trouver la princesse, puis parvint à un escalier en colimaçon plongé dans le noir. A chaque pas qu'il faisait, et à chaque marche, un cierge s'allumait en grésillant sur le mur et laissait goutter sur son corps déjà brûlant une longue trainée de cire chaude, jusqu'à ce qu'enfin, il atteigne la plus haute salle dans la plus haute tour, là où reposait la Princesse, endormie sur un lit moelleux.

Il hésita, avant de s'agenouiller devant elle, et de la supplier d'une voix timide de s'éveiller. Elle était la plus belle, la plus radieuse, et la plus impériale des femmes qu'il lui avait jamais été donné de voir. Enfin, il se pencha sur ses pieds délicats et les baisa avec ferveur. Et c'est ainsi qu'elle s'éveilla de son sommeil magique, s'étira, bailla, et posa la main sur le fuseau posé à côté d'elle... Elle regarda le prince nu, meurtri, couvert de cire, humblement agenouillé, et sourit :

"J'ai largement assez dormi. Si nous jouions un peu avec ce joli fuseau si pointu?"

Le prince eut très mal, mais cela lui plut énormément. Et c'est ainsi qu'ils se marièrent et eurent plein d'enfants et vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours.
Par Kireseth - Publié dans : Il était une fois...
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Mardi 10 novembre 2 10 /11 /Nov 20:27

Il était une fois un jeune homme, à peine adulte, qui n'avait pour seule famille que sa mère qu'il aimait plus que tout et sa grand-mère. Sa famille étant très pauvre, la mère devait habiter en ville avec son fils, pour travailler de nuit dans les cuisines du château royal, et la grand-mère vivait donc seule de l'autre côté de la forêt dense et effrayante où le Roi chassait.

Un jour que le jeune homme ne travaillait pas (il était palefrenier dans les écuries), sa mère lui commanda de porter à sa grand-mère un petit pot de beurre frais et une quiche que la Reine n'avait pas mangée. Le jeunot se mit donc en route, après avoir promis de ne pas s'écarter du chemin et de se méfier des loups et des autres bêtes de la forêt.

Il gambadait donc, guilleret, sur le chemin, ne s'en écartant pas mais se penchant pour cueillir de ci, de là, des fleurs pour sa mère-grand, des jonquilles et des jacinthes sauvages qui foisonnent au mois d'avril.

C'est ainsi qu'il croisa une louve, adossée lascivement à un rocher, et qui siffla à son approche en se léchant les babines...

"Hola jeunot, que viens tu donc faire ici dans cette forêt? Ne sais-tu pas qu'elle est dangereuse pour les jeunes hommes appétissants de ton espèce?"

Le garçon se mit à balbutier tant la louve était belle et sensuelle, il n'avait pas l'habitude de femelles aussi franches et aussi délurées :

"Je...je...vais...voir ma ...grand-mère... Je..."

Il inspira à fond, pour se sortir de la tête les images qui lui venaient, toutes plus lubriques les unes que les autres, et inspira à fond :

"Je dois y aller et je ne dois pas quitter le sentier, et ne pas parler aux inconnus ni me laisser séduire par les bêtes de la forêt!"

Et le voilà reparti, et cette fois il regarde droit devant lui et marche d'un bon pas, sans s'arrêter.

Mais la louve le regarde s'éloigner et grogne, avant de disparaitre dans les bois.

Elle connait la forêt comme sa poche et court bien vite, atteignant bien avant le jeune homme la maison de la Mère-Grand. Elle toque à la porte, et quand la vieille ouvre, encore toute endormie, elle renifle :

"Salut mémé, dis-moi... J'viens d'croiser ton petit-fils, là, c'est un morceau de choix! Tu m'avais caché ça, dis-donc!"

C'est qu'elles prennent l'apéro ensemble tous les samedi, et que parfois elles tapent le carton avec le chasseur , un sacré gaillard celui-là aussi... Alors elles sont plutôt bonnes voisines. Et la Mémé de répondre :

"Le petit Colas? Peuh, il est tout jeunot encore, à peine a-t-il du poil au menton!"

"Que nenni! Il en a et il a de beaux bras bien forts!"

"Hum...à force de manier la fourche, et d'étriller les chevaux du Roi sans doute... Alors comme ça tu t'intéresses à lui?"

"Ouais...je me suis pas mis de chair fraiche sous la dent depuis un moment et celui-là..."

La Grand-Mère éclate de rire en voyant les yeux brillants de la louve :

"Allez va, j'ai compris. J'vais toquer à la porte du chasseur, des fois qu'il ait comme une envie de s'amuser, et j'te laisse recevoir Colas à ma place, et amusez vous bien!"

La Louve se frotte les pattes et enfile une des chemises de nuit de la Mamie, un truc tout sexy en dentelles noires, avant de cacher sa tête sous un loup en satin, et de s'allonger sur le lit dans une posture évocatrice.

Colas s'en vient toquer à la porte et la louve déguise sa voix pour l'inviter à entrer. Dans la pénombre, il distingue tout juste la silhouette sur le lit, et pense que c'est sa grand-mère qui fait la sieste. Il dépose sur la table le petit pot de beurre et la quiche dans leur panier, et s'approche :

"Eh bien, comme tu as la voix rauque Mère-Grand!"

"C'est que j'ai attrapé un petit rhume mon chou, ça arrive à mon âge, vois-tu?"

"Comme tu as de grands yeux aussi..."

"C'est pour mieux te voir mon enfant." 

Elle pose sa patte sur le bras du jeune homme :

"Et comme tu as de longs ongles!"

"C'est pour mieux te griffer, mon enfant, comme ceci..."

Elle griffe le bras, puis le flanc, puis les cuisses du jeune homme, lacérant ses vêtements et ronronnant presque de désir. Il gémit, mais se laisse faire, surpris mais sachant bien que sa mamie a la réputation d'être un peu spéciale. Il voit briller ses canines dans le noir et dit :

"Comme tu as de longues dents, Mère-Grand"

"Oui hein? C'est pour mieux te mordiller, tu vas aimer ça, que je te mordille!"

Et elle entreprend de mordre l'épaule, puis les tétons délicats après avoir déchiqueté la chemise du garçon, et enfin, les fesses fermes, et musclées... Et le garçon affolé de constater que le traitement n'est pas sans effet sur toute autre partie de son anatomie...

Puis la louve ricane :

"Qu'as-tu donc apporté à ta mamie mon petit... Du beurre? Mais en voilà une bonne idée, je vois déjà à quoi il va servir... Quand à la quiche? Nous la mangerons après, lorsque j'en aurais fini avec toi!"

Et alors qu'elle se saisit dans l'armoire à glace d'un concombre croquant, et du petit pot de beurre, le jeune garçon voit enfin à qui il a affaire, et gémit...

Lorsque le chasseur et la grand-mère s'en revinrent à la chaumière, ils trouvèrent la louve et le garçon lovés dans le lit, dans les bras l'un de l'autre.

Et ils ne se marièrent pas et n'eurent pas plein d'enfants, mais prirent l'habitude de boire l'apéro ensemble le samedi et le jeune homme put faire le quatrième aux cartes, pour jouer à la belote c'est tout de même bien mieux.
Par Kireseth - Publié dans : Il était une fois...
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Samedi 14 novembre 6 14 /11 /Nov 18:13



Il était une fois dans un petit royaume perdu dans les montagnes, dans une vallée sombre, une petit village. Dans ce village, une maison, habitée par un tailleur et son épouse. Enfin... Sa seconde épouse. La première était morte en couches, lui laissant une peine immense et une petite fille, blonde et belle comme un coeur, nommée Céleste.
Un jour, voyant sa fille grandir sans mère et pensant bien faire, le tailleur décida de se remarier. Il prit pour femme une veuve, mère d'une petite fille du même âge que sa propre enfant, une petite brunette renfrognée du nome de Mechtilde.
Il partait souvent en voyage, et voyait peu ses enfants, ainsi, il ne vit pas comment la belle-mère maltraitait sa fille à lui pour gâter et chouchouter la sienne propre... Dès que l'enfant fut en âge de tenir un fuseau, la belle-mère lui donna l'ordre de filer, du matin au soir et parfois même du soir au matin.

Céleste était une enfant calme, douce et peu encline à la révolte : elle souffrit bien entendu des mauvais traitements de sa belle-mère, qui l'affamait et la tuait à la tâche, mais elle aimait filer. En effet, elle pouvait se retrouver seule, et pendant que ses doigts agiles tournaient le fuseau et pinçaient le fil, son esprit partait en rêves rejoindre sa mère défunte, et souvent, il lui semblait sentir son doux parfum l'envelopper.
Un jour, elle tomba malade : sa tête l'élançait et la fièvre la faisait frissonner... Sa belle-mère pourtant ne cessait de la houspiller, brutale et insensible, comme toujours. Et comme Céleste ne filait pas aussi vite que d'ordinaire, on lui interdit d'aller se coucher sans avoir fini l'écheveau de fil qu'elle avait commencé et dont un client devait prendre livraison au matin. Et comme elle toussait, ordre lui fut donné de rester dehors, afin de ne pas troubler le sommeil de sa soeur. La belle-mère lui porta une lanterne et la pauvre Céleste dut s'asseoir au bord du puits pour filer et filer encore, alors que la nuit tombait.
Elle filait, inlassablement, mais la lanterne ne donnait que peu de lumière et elle n'y voyait plus goutte. Et elle finit par se piquer le doigt, et du sang coula sur le fil, le maculant de rouge. Horrifiée, la jeune fille ne savait plus quoi faire... Elle décida de plonger la quenouille dans l'eau, afin de laver le fil, et la déposa dans le seau du puits, avant de le faire descendre à la chaine. Malencontreusement, elle fit pencher le seau et un "plouf" lui annonça que sa précieuse quenouille était tombée dans l'eau, et coulait sans doute au fond du puits... Elle hésita, un long moment, puis, prononçant une courte prière, monta sur la margelle, et se mit à descendre le long de la chaine, pour retourner chercher son bien. Mais elle vint à glisser et dans un cri, tomba au fond.

Mais le puits était enchanté : quand elle se réveilla, elle se trouvait dans une prairie ensoleillée, devant une grande maison aux nombreuses fenêtres. Une femme entre deux âges, grande et belle, aux cheveux si clairs qu'ils semblaient blancs, vêtue comme une grande dame, se tenait au dessus d'elle et lui souriait :

"Je suis Frau Holle, et tu es ici chez moi. J'imagine que ceci t'appartient, mon enfant?"

La femme tenait à la main la quenouille tant désirée. Céleste s'empressa de se redresser et de s'incliner profondément devant la femme :

"Merci Madame! Merci d'avoir retrouvé ma quenouille!"

"Je te la rendrais, mon enfant, si tu acceptes de travailler pour moi pendant une année entière. A la fin de cette année, tu retrouveras ta quenouilles et tu toucheras le salaire que tu mérites."

"Mais,Madame... je...je dois rapporter cette quenouille avant le matin!"

La femme eut un sourire un peu énigmatique :

"Tu connais mes conditions, choisis!"

La voix de la femme, douce mais terriblement décidée, transperça le coeur de la jeune fille comme un couteau. Elle baissa la tête et acquiesça :

"Oui Madame, je ferai comme vous désirez."

"Bien! Voilà une bonne fille."

Et c'est ainsi que commença pour Céleste une période bénie. Oh, ce ne fut pas facile : Frau Holle présidait au temps, aux nuages, à la pluie et à la neige, et la tâche était immense.
Quand il devait y avoir des nuages, Céleste devait allumer du feu dans toutes les cheminées de la maison, qui comptait des centaines de pièces. La fumée des cheminées formait ainsi des nuages qui allaient apporter leur fraicheur sur la terre. S'il devait pleuvoir, Céleste arrosait toutes les plantes de la maison, et remplaçait l'eau de tous les vases. Et quand il devait neiger, elle se mettait à la fenêtre et aérait les couettes et les coussins de plumes de toutes les chambres, et chaque plume qui volait formait un flocon de neige.
Céleste était dure à la tâche, mais elle n'avait pas l'habitude de ce travail, et parfois, elle faisait des erreurs. Lorsque cela se produisait, sa Maîtresse ne criait pas, ne hurlait pas, ne devenait pas toute rouge comme l'avait fait sa belle-mère, non... Elle regardait sa servante, un peu peinée, et secouait la tête. Puis elle empoignait une longue canne, dont elle se servait pour pousser les nuages dans la bonne direction, et alors que Céleste soulevait sa robe et son tablier, en cinglait les cuisses de la jeune fille, tout en lui répétant fermement que de son travail dépendait la vie sur la terre. En effet, s'il pleuvait au mauvais endroit, ou neigeait au mauvais moment, les conséquences sur la terre étaient désastreuses. Céleste gémissait sous les coups mais savait très bien qu'elle les avait mérités. Elle se montrait même reconnaissante de ne recevoir que quelques coups pour une erreur qui pouvait se montrer si catastrophique.
Et lorsqu'il devait faire beau sur la terre, et que le soleil devait briller de tous ses feux, Céleste pouvait enfin se reposer. Elle passait la journée aux pieds de sa Maîtresse, qui lui racontait l'histoire du monde et des cieux, et lui enseignait à répondre à toutes les attentes d'une dame de qualité : se mouvoir avec grâce, parler d'une voix douce et employer un vocabulaire châtié, servir à manger et le thé, l'aider à s'habiller, et coiffer ses cheveux blancs comme la neige la plus pure, en coiffures complexes et sophistiquées. Céleste savourait ces moments de quiétude dans le bonheur le plus suave...

Mais  un jour vint le temps de rentrer chez elle. Une année s'était écoulée et Frau Holle la convoqua devant elle pour lui parler:

"Il est temps, petite, que tu rentres dans ton foyer et que tu reçoives le salaire que tu mérites pour ta peine."

Céleste en pleurs supplia sa Maîtresse de la garder, mais celle-ci secoua la tête en lui tendant la quenouille :

"Non ma belle, c'est ainsi que doivent être les choses: un an tu devais passer ici, un an est passé, tu dois partir à présent."

Ainsi, Céleste dut quitter ce havre de paix et de quiétude, pour rentrer retrouver son père et sa belle-mère acariâtre. Au moment où elle passa la porte d'entrée du grand manoir de Frau Holle, une pluie d'or coula sur son visage et son corps et elle se trouva prise dans un tourbillon. Quand elle reprit ses esprits, elle était chez elle, à côté du puits.
C'est le coq de la maison qui la vit en premier et il cria de sa voix de coq, aigüe et perçante :

"Elle est revenue, notre Beauté dorée, voyez comme elle brille de mille feux!"

Et tous les habitants du village vinrent la voir, la toucher et l'admirer : sa chevelure blonde irradiait une douce lueur dorée, elle était prise dans un filet d'or pur. Sur son corps, sa robe usée s'était transformée en une toilette somptueuse, faite des dentelles les plus fines, et du tissu damassé le plus précieux. Une cascade de bijoux d'or et de perles ornaient son cou et ses bras, et même ses chaussures étaient brodées de diamants. Et entre ses mains, la quenouille brillait comme un trésor : son fil s'était changé en fil d'or pur, aussi fin qu'un cheveux et plus solide que l'acier le plus dur.

Lorsque la belle-mère vit ce qu'il était advenu de Céleste, elle ouvrit de grands yeux, et fit mine d'être très gentille avec elle, pour en apprendre plus. Elle écouta attentivement l'histoire de la jeune fille et la nuit venue, prit sa propre fille à part, et lui donna une quenouille qu'elle avait maculée de sang de poulet.

"Prends ça, jette la dans le puits et saute! Tu resteras un an avec la vieille et tu reviendras riche ma fille!!!"

Mechtilde n'avait aucune envie de suivre les conseils de sa mère, mais cette dernière l'encouragea si fort, qu'elle finit par accepter. Elle descendit dans le puits après y avoir jeté la quenouille et se réveilla au pieds de Frau Holle, qui l'accueillit avec les mêmes mots que sa demie-soeur.
Mais Mechtilde n'était pas habituée à travailler, ni sérieuse, ni même désireuse de bien faire. Elle renâclait à la moindre tâche, et se plaignait sans arrêt. Et lorsque Frau Holle voulut la corriger, elle hurla comme une damnée sous les coups et prétendit qu'elle était trop blessée et malade pour travailler dans les jours suivants. Elle ne cessait de chercher toutes les échappatoires pour ne pas faire son travail.
L'hiver cette année là fut bien court, il ne plut presque pas et neigea encore moins. Les cours d'eau se réduisirent à de fins filets d'eau et les cultures périrent sur pied avant la récolte, par manque d'eau. Frau Holle était effondrée, et malgré toute les explications et tous les encouragements et tous ses efforts pour dresser Mechtilde et en faire une servante dévouée, celle-ci lui riait au nez et se complaisait dans sa médiocrité et son égoïsme.

Enfin, une année s'écoula, et Frau Holle pût renvoyer chez elle la fille fainéante. Elle lui tendit sa quenouille et lui montra la porte avec ces mots :

"Tu recevras le salaire qui t'est dû, et crois-moi, le compte est bon."

Mechtilde piaffait d'impatience : elle se précipita par la porte et un rideau noir l'engloutit.

Lorsqu'elle apparut près du puits le coq chanta :

"Elle est revenue, la souillon, voyez comme elle est crasseuse et laide!"

Et en effet, au lieu d'or, Mechtilde était couverte de poix! Sa robe jadis si coquette s'était changée en nippe usée et déchirée, et ses cheveux souillés et gras pendaient sur sa figure sale en mèches emmêlées. A son cou pendait une corde et ses pieds étaient pris dans des sabots de bois pleins de fumier. Ses bras et ses jambes étaient couverts de pustules et elle se grattait, couverte de puces de la tête aux pieds. Et la quenouille s'était changée en petit tas de boue dans lequel gigotaient des vers.

Voyant cela, sa mère poussa des cris d'horreur, et même Céleste se prit de pitié pour sa demie-soeur devenue un monstre de foire. Elle tenta de la laver, et de l'habiller de neuf, en vain, tout ce qui la touchait se changeait en poix noire et gluante. Alors elle fit la seule chose qu'elle pouvait encore faire : elle sauta dans le puits et alla voir Frau Holle. Cette dernière la reçut avec un tendre sourire.

"Madame, je vous en prie! Ne laissez pas ma demie soeur souffrir ainsi, par pitié."

"Elle a ce qu'elle mérite! Elle est fainéante, égoïste et veule, et elle apprendra à ses dépens que son comportement est indigne."

"Mais elle souffre..."

"Tu as bon coeur, ma petite. Alors je te propose un marché: je lèverai la malédiction, mais à la condition que tu restes ici pour me servir jusqu'à ta mort! Pèse bien le pour et le contre, mon enfant, le choix est difficile et il n'y aura pas de retour en arrière."

Céleste tomba à genoux aux pieds de sa Maîtresse et embrassa ses pieds :

"C'est tout réfléchi Madame, je veux vivre au près de vous, pour toujours et à jamais."

Frau Holle sourit tendrement et posa sa main sur la tête de la jeune fille.

"Qu'il en soit ainsi alors... Pour toujours et à jamais"

Et comme Frau Holle n'est autre que la déesse Holda, la déesse de l'hiver, la maîtresse des sorcières et de la Grande Chasse, elle conféra à Céleste l'immortalité, afin que la jeune fille vive l'éternité à ses côtés. Et chaque fois qu'il neige en hiver, tu peux en avoir la preuve: Céleste est la servante la plus dévouée à sa maîtresse que le monde et les cieux aient jamais connus.


Pour Céléiane.
Par Kireseth - Publié dans : Il était une fois...
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Dimanche 15 novembre 7 15 /11 /Nov 20:23


 
 
Il était une fois une Reine cruelle et terriblement égoïste : elle voulait tous les hommes et toute l'attention pour elle-même et détestait l'idée même qu'on portât ombrage à son règne. Or elle avait une belle-fille fort jolie et fort douée pour s'attirer les faveurs des plus beaux mâles, qui tombaient à ses genoux comme des mouches, alors même qu'elle n'était qu'à peine majeure.
 
La Reine, terriblement jalouse, conçut un plan diabolique : elle fit venir son soumis le plus loyal et lui intima l'ordre d'emmener la jeune file dans la forêt et de la tuer. Mais l'homme, aussi fidèle qu'il fût à sa Reine, ne put s'empêcher d'éprouver un pincement de coeur à l'idée de détruire tant de beauté, d'élégance et de puissance de séduction... Il tua à la place de la jeune femme une biche et montra son coeur à la Reine pour lui faire croire qu'il avait rempli sa mission, mais la belle-fille était libre et s'enfuit dans la forêt.
 
Elle erra quelques temps, au point que ses vêtements se transformèrent en guenilles et que ses chaussures furent usées. Puis elle vit une petite maison, qui ma foi semblait fort douillette. Elle y entra, et y découvrit une table, autour de laquelle il y avait sept sièges, et dans la pièce adjacente, sept petits lits. Elle se pencha sur la marmite dans l'âtre, y trouva un ragout qu'elle dévora, puis elle s'allongea sur les sept lits et s'endormit.
 
Elle fut réveillée par les voix de sept étranges créatures : des mâles, mais petits, très petits, des nains! Elle leur sourit, et il leur sembla que le soleil venait de se lever sur leurs pauvres vies. Et dès cet instant, ils ne cessèrent de lui vouer un culte, comme à une déesse. Ils construisirent avec les sept lits une couche des plus moelleuses, et eux-mêmes dormirent à son pied, et les sept sièges servirent à fabriquer un grand fauteuil confortable, et les nains mangèrent dans leurs écuelles par terre, comme une portée de chiots.  
 
La journée, ils allaient à la mine et rapportaient pour leur déesse des pierres précieuses, et de l'or, dont elle faisait faire des bijoux, des ornements précieux, et qu'elle revendait pour s'acheter des toilettes somptueuses et des chaussures de prix. Et lorsqu'ils ne trouvaient rien à lui apporter, elle les punissait en les fouettant et en les exposant tout nus devant leur maison aux rires et aux quolibets des passants.
 
Bientôt, des princes vinrent de tous les royaumes alentours pour se jeter aux pieds de la jeune Maîtresse des nains, et son aura éclipsa celle de la Reine, qui en conçut une jalousie dévorante.
 
Elle décida d'aller voir cela par elle-même et se grima en vieille femme, en vendeuse de pommes. Elle toqua donc à la porte de la petite maison, qui avait depuis gagné plusieurs pièces et se trouvait flanquée d'un donjon de taille respectable :
 
"Bonjour, je viens vendre des pommes, je voudrais parler à la maîtresse des lieux, je vous prie..."
 
Un prince, qu'elle reconnut comme étant un de ses anciens adorateurs, lui ouvrit la porte, et déroula devant ses pieds un tapis plus moelleux que tout ceux qu'elle avait dans son palais. Enfin, elle se trouva devant le trône de sa belle-fille, car depuis longtemps elle avait remplacé son fauteuil par un trône richement décoré. Elle fit mine d'être percluse de rhumatismes pour ne pas s'incliner, et tendit son panier de pommes à la jeune femme, en dissimulant un sourire cruel, car en effet elle avait empoisonné les pommes : une bouchée et sa belle-fille en mourrait.
 
La jeune femme regarda les pommes, en prit une du bout des doigts, et sourit :
 
"Comme voilà une belle pomme, qui tombe à point nommé : je cherchais une idée pour tester la soumission de mon nouvel étalon que voici!"
 
Elle montra un prince agenouillé devant elle, dévêtu et le dos zébré de coups de griffes, sans doute infligés par les ongles longs et incrustés de diamants de la jeune femme.  
 
"Mes nains? Saisissez vous de lui et farcissez le aux pommes comme un goret qu'il est!"
 
Le prince couina comme un cochon qu'on égorge mais dût subir sa punition, car avant de lui enfoncer les pommes dans le fondement, les nains prirent soin de l'attacher solidement. Et la vieille Reine n'eut plus qu'à se retirer dans son palais déserté par ses adorateurs, pour finir sa vie étranglée de jalousie, et ridée de rage.
 
 
 
 
En hommage au groupe Rammstein, et à leur morceau "Sonne", au clip si évocateur, ainsi qu'à Naheulbeuk, et au terrible "Troll Farceur et Elfe Farci" 

Par Kireseth - Publié dans : Il était une fois...
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